Approche pédagogique et méthodologique
- Lionel Gaudin-Villard
- 17 mars
- 2 min de lecture

Ces articles se veulent un retour d'expérience, qu'il s'agisse de diriger un orchestre ou un chœur. Mon approche est simple : partager un savoir-faire acquis au fil des années, un savoir-faire testé et éprouvé.
La technique de direction est essentielle pour aborder les défis d'une partition et parvenir à s'en détacher lorsqu'on est face à un orchestre ou un chœur. C'est pourquoi je préconise une méthode efficace, transmise par mon maître de direction, qui distingue la technique d'un côté et la musique de l'autre.
Je m’explique. De nombreux chefs se concentrent exclusivement sur la partition, s'efforçant de suivre les indications qu'ils y ont annotées. Ils ont la tête dans la partition, alors qu'il vaudrait mieux avoir la partition dans la tête. Ces annotations, souvent colorées, sont d'ordre technique : l'entrée d'une flûte ou d'un groupe d'instruments, une accélération, un changement de nuance, etc. Cette approche entraîne une obsession technique au détriment de l'expression musicale. Elle conduit également à une écoute moins objective, car le chef est trop absorbé par la lecture et le suivi des annotations pour prêter une attention pleine et entière à ce qu'il entend.
Dans les paragraphes suivants, je développerai ces aspects. Mon objectif est de permettre aux chefs de se libérer des préoccupations techniques pour se concentrer sur la musique, et rien que la musique.
Pour y parvenir, il est essentiel d'apprendre, d'une part, les éléments techniques tels que la levée, le point d'orgue, la pose de son, l’accélération, etc, et d'autre part, d'aborder chaque partition d'un point de vue analytique, en examinant sa forme, son plan et son harmonie. Chaque élément technique doit devenir un réflexe que l'on applique instinctivement au moment de diriger l’œuvre.
Le « travail de table », c'est-à-dire l'analyse la plus approfondie possible d'une partition, doit également permettre de définir une direction : le sens à donner à chaque mouvement musical ainsi que la gestuelle à adopter pour atteindre cet objectif. Si l'analyse est suffisamment claire, les gestes viennent naturellement. Il suffit alors de les visualiser mentalement pour vérifier leur cohérence et leur adéquation avec l’œuvre, avant de se retrouver concrètement face à l’orchestre ou le choeur. La préparation et l’anticipation de la direction technique d’une oeuvre sont essentiel pour réussir les répétitions et au final les concerts.
Ainsi, les différentes étapes d'apprentissage, à la fois techniques et analytiques, convergent. Une fois libéré des contraintes techniques, le chef peut se concentrer pleinement sur l'interprétation et l'écoute active, essentielles à la direction. Cette approche permet d'ajuster et de corriger les équilibres au sein d'un chœur ou des pupitres d'un orchestre, sans être entravé par des préoccupations techniques.
Lors des concerts, il m'arrive souvent de constater que les chefs sont trop focalisés sur leurs gestes, au détriment de l'œuvre elle-même. En conséquence, ils manquent l'opportunité d'offrir une interprétation libérée et engagée. La technique, au lieu d'être un outil au service de l'interprétation, devient une préoccupation majeure. Elle devrait pourtant être un élément clé garantissant une interprétation fluide et totalement investie.
La méthode et la pédagogie que je propose se déroulent en deux temps, de manière parallèle, afin qu'elles ne soient jamais trop dissociées l'une de l’autre.
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