Clarté du geste : mouvements de base (2)
- Lionel Gaudin-Villard
- 19 mars
- 3 min de lecture
La respiration
Avant d'aborder l'apprentissage des différents mouvements de direction, il est important de se concentrer sur un aspect fondamental : la respiration.

Il n'est pas rare d'observer des chefs d'orchestre qui, pris dans le feu de l'action, oublient de respirer correctement. Ce manque de maîtrise respiratoire peut engendrer une certaine gêne. Au mieux, leurs gestes, bien que techniquement corrects, manquent de profondeur et d'engagement ; au pire, ils donnent l'impression de frôler l'asphyxie, provoquant un effet similaire chez les musiciens qu'ils dirigent ainsi que chez le public. Bien entendu, il s'agit ici d'une image, car il est impossible pour un être humain de ne pas respirer. Cependant, c'est bien la maîtrise de la respiration et la conscience qui en découle que je souhaite souligner. Ce problème peut être inconscient, mais il est bien réel et mérite toute notre attention.
Les artistes, qu'ils soient instrumentistes ou chanteurs, respirent naturellement, tout comme le public. La respiration est un acte naturel dont il faut être pleinement conscient lorsque l'on dirige. L'obsession du geste technique, souvent exacerbée par le stress, peut malheureusement faire oublier cet aspect essentiel. Le problème est que si un chef d'orchestre ne respire pas, ou ne donne pas l'impression de respirer, il ne pourra pas conduire une mélodie ni donner du sens à une interprétation, car il se prive d'une partie de ses capacités expressives.
Pourquoi ? Parce qu'en ne respirant pas dans sa gestuelle, le chef enchaîne les phrases musicales sans pause. Il chante l’œuvre dans sa tête certes mais ne lui donne ni direction, ni souffle. Cela se traduit par une gestuelle mécanique et implacable comme un métronome. La respiration est donc essentielle pour insuffler cette direction indispensable à toute interprétation. Je pense que l'on ne peut être pleinement investi dans l'interprétation d'une œuvre que si l'on en maîtrise chaque nuance et qu’on la chante intérieurement en tenant compte de ses inflexions, de ses détentes et de ses aérations. La musique, c'est la vie, et quand on vit, on respire. Ce chant intérieur engendre naturellement du mouvement, sur lequel la respiration se repose. La respiration est donc aussi importante que le chant intérieur, car elle accompagne l'interprétation et lui donne du relief. Un chef qui respire apporte de la vie à son interprétation.
Cependant, maintenir une respiration adéquate peut être difficile en fonction de la dynamique des mouvements musicaux. Il est donc essentiel d'apprendre à respirer en accord avec le tempo ; ainsi, la respiration devient un élément indispensable car elle donne vie à la phrase musicale. On ne peut pas adopter une respiration lente pour un mouvement vif ou rythmique et inversement Dans cette optique, il est crucial de maîtriser les différentes inflexions du mouvement pour que la respiration soit un atout et non un obstacle asphyxiant. Il est donc impératif de respirer en permanence : lors de la levée, au moment du départ d'un pupitre, et tout au long d’un mouvement musical.
Pour maîtriser la respiration, un exercice de respiration diaphragmatique peut être très efficace : en position debout, placez une main sur le bas-ventre et l'autre dans le bas du dos. Inspirez par le nez sur quatre temps, maintenez l'air pendant un temps, puis expirez sur huit temps par la bouche.
Cet exercice permet de prendre pleinement conscience de sa respiration.
Un autre exercice en mouvement vous sera utile lorsque vous dirigerez :
Tout en marchant, inspirez par le nez sur quelques pas, puis expirez par la bouche sur quelques pas. Choisissez un rythme et un nombre de pas que vous pouvez ajuster selon votre ressenti.
Ensuite, imaginez ce mouvement sur une mélodie, quelle que soit la mesure ou le tempo, et dirigez-la en restant pleinement conscient de votre respiration.
La régularité de ces quelques exercices permet d’en ressentir les bienfaits à tous les niveaux, concentration et confort physique.
Lorsque vous dirigez un ensemble, quel qu'il soit, respirez et prenez conscience du confort que cela apporte aux artistes et à vous même. Vous serez en symbiose avec eux, formant un tout uni, et ils vous suivront plus facilement. Ce flux respiratoire continu et maîtrisé par vous engendre le même effet chez eux. Vous résolvez ainsi de nombreux problèmes de départs, car non seulement vous êtes avec eux, mais vous respirez avec eux, les guidant de manière naturelle et assurée.
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